Serge JUNG                                                                                               Cap-d’Ail, le 22 septembre 2006

Conseiller Municipal  
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                                                                                                     Monsieur Dominique VIAN

Préfet des Alpes Maritimes

 

Objet : Développement du transport en commun dans l’Est des Alpes-Maritimes.

Pièce jointe : Esquisse des tracés du Tram et du transport par cabotage dans l’est 06.

 

Monsieur le Préfet,

J’ai l’honneur de solliciter votre intervention dans le but d’étudier avec le concours de tous les dirigeants locaux des trois pays limitrophes: français, monégasques et italiens; la construction d’un transport en site propre, entre Nice et Vintimille, empruntant la RD 6098 et la promenade du bord de mer de Roquebrune-Cap-Martin à Vintimille.

Trois ans après un premier envoi de courrier infructueux, je reprends ma plume pour interpeller: politiques, médias et populations sur le transport des personnes dans l’est du département des Alpes Maritimes et notamment de la bande littorale située entre Nice et Vintimille.

En 2003 mon courrier insistait sur la nécessité de mettre en place un tram entre Nice et Monaco puis entre Monaco et Vintimille, d’ouvrir une ligne maritime pour le transport de passagers par cabotage entre Nice et Vintimille et desservant les ports situés sur cet axe.

Aujourd’hui en 2006 peu d’efforts ont été réalisés afin de fluidifier la circulation.

La Région a donné priorité au transport ferroviaire, ce qui est une bonne chose, mais celui-ci montre ses limites. Malgré un accroissement de nouvelles rames, la gare de Monaco est toujours saturée aux heures de pointe.

Le Département quant à lui a misé sur le tout routier en rafistolant de part et d’autre le réseau sur une période allant de 2004 à 2014 (coût 1,20 milliards d’euros).

En admettant que ces travaux aient une répercussion positive sur le trafic, il ne faut pas oublier que le trafic routier augmente, malgré le tarif des carburants, de 0,5 à 0,6 % chaque année.

Miser sur le tout routier est une méthode d’arrière garde. Outre le coût de ces travaux et le risque d’endettement supplémentaire des ménages suite à la hausse progressive des carburants (pic de Hubert), il faut rappeler la dangerosité de la circulation automobile, 35000 salariés viennent travailler chaque jour à Monaco, les véhicules rejettent de dangereux polluants : ozone, dioxyde de carbone, monoxyde de carbone, métaux lourds, particules fines…

Dans une étroite bande littorale enserrée entre mer et montagne, trois axes routiers principaux permettent le déplacement entre Nice et Vintimille : l’A8 et les RD 6007 et 6098 (cette dernière s’arrête à Menton) auxquelles il faut rajouter une ligne de chemin de fer. 

Aux heures de pointe, lors des manifestations ou en saison touristique de longues files d’attente de véhicules se forment à l’est et à l’ouest de la Principauté engendrant pollution, stress, perte de temps, retards... La gare de Monaco est saturée, les trains sont bondés et de nombreuses personnes sont obligées de voyager debout malgré l’acquittement du prix de leur billet. Dans ces conditions des accidents sont inévitables.

La principauté s’inquiète et veut mettre en place le co-voiturage qui avait déjà été projeté vainement par la jeune chambre économique de Monaco au début des années 2000. Deuxième idée, la construction d’un funiculaire reliant La Turbie à Monaco, ce qui nécessiterait tout de même à l’automobiliste de faire usage de son véhicule du domicile jusqu’à La Turbie, de se garer sur un immense parking extra-muros (détruisant au passage plusieurs hectares de végétation), d’emprunter le funiculaire jusqu’à Monaco puis de se rendre à son travail à pied, en bus ou par tout autre moyen de transport.

Pour être plus sérieux, il est temps de penser non seulement au présent mais aussi au futur, pour les prochaines générations qui auront à juger de nos décisions sur leurs déplacements et sur leur santé. 

Je renouvelle donc trois ans après mon idée de construire une voie de transport en site propre sur la basse corniche, actuelle RD 6098. Au début du 20ème siècle, existait déjà sur cette voie un tramway qui desservait les communes du littoral.

Le nouveau transport de passagers emprunterait entre Nice et Roquebrune-Cap-Martin La RD 6098 puis la promenade du bord de mer jusqu’à Vintimille. Les communes du littoral seraient reliées à la RD 6007 pour les usagers de la route. Ceux-ci pourraient laisser leur véhicule dans les parkings, garages, places … déjà existants ou à construire, puis emprunter le tram.

Suite aux travaux d’aménagement en site propre, une piste cyclable pourrait être envisagée et relier elle aussi Nice à Vintimille.

Le tram aurait l’avantage de desservir les quartiers des communes, plus efficacement que les TER et plus rapidement que les longs cars poussifs et envahissants du Conseil Général et de la CANCA (ralentissement de la circulation). Il pourrait être prévu parallèlement de remplacer les bus TAM et RCA actuels par une flottille de minibus fonctionnant au biocarburant et empruntant la RD 6007.

Le tram de la basse corniche présenterait l’atout non seulement d’alléger le transport ferroviaire et routier mais aussi en imaginant un schéma un peu plus futuriste de rejoindre une gare intermodale située aux abords de l’aéroport Nice côte d’Azur. Les passagers de l’aéroport pourraient rejoindre ainsi sans inconvénient leur lieu de villégiature ou la gare SNCF de Nice.

L’aéroport et Nice deviendraient plus accessibles mais aussi les centres-villes, les plages, les hôtels, les marchés, les domiciles et les lieux de travail.

Bien sur un prix attractif devra être mis en place pour que toute la population et notamment les moins aisés puisse se déplacer d’une manière plus économique et plus écologique.

Tram, TER, voiture, vélo, minibus mais aussi pourquoi pas comme le prévoit Monaco développer des véhicules plus propres. Envisager comme il a été plusieurs fois question et comme je le soumettais aux acteurs locaux dans mon courrier de 2003 un moyen de transport par cabotage sachant qu’il est possible de naviguer dans le secteur plus de 200 jours par an.

Mon projet va sûrement vous paraître utopique car il demande : une transformation partielle des voies principales de circulation (élargissements, tunnels, RD 6098 réservée à un transport en site propre avec piste cyclable), un coût relativement élevé et surtout de convaincre les élus et la population des avantages d’un tel plan.

Pendant longtemps le maire de Cap-d’Ail a déclaré mes idées surréalistes quand je lui parlais de mettre en place le tri sélectif, d’organiser des journées sans voiture, de penser aux pistes cyclables, de lutter contre les nuisances de l’incinérateur de Monaco…Pourtant certaines propositions ont été retenues et d’autres interpellent toujours les esprits.

En cherchant bien les alternatives au tout voitures ne sont pas nombreuses, il faut dès maintenant étudier les projets les plus réalisables, les plus durables, les moins polluants et les plus performants. D’ici à 25 ans le pétrole sera certainement une « denrée rare » et il convient dès maintenant de se déplacer autrement, pour nous, pour nos enfants et pour les générations futures.

En espérant que mon courrier retiendra toute votre attention sur un sujet aussi délicat que le développement des transports en commun, notamment dans notre bande littorale très limitée en espaces et de plus en plus saturée.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet,  l’expression de mes salutations distinguées.

       Serge  JUNG